QUE REPRÉSENTE LE RUBAN JAUNE QUE L’ON PEUT VOIR PARTOUT À BARCELONE?
Réponses aux questions que vous nous posez souvent.
Au-delà des différentes significations que l’on peut trouver à travers l’histoire et les pays (en soutien à l’armée, pour la journée internationale de l’endiométriose, etc…), le ruban jaune fait ici référence au noeud jaune que portaient les soldats et partisans soutenant l’Autriche lors de la guerre de Succession. Cette guerre prit fin le 11 septembre 1714 et marqua l’arrivée et le long règne des Bourbons en Espagne.
Le 11 septembre c’est la Diada: la fête nationale catalane…
En 2014 -en pleine crise économique- pour célébrer le tricentenaire de la fin de cette guerre, les politiciens ont ressorti le ruban jaune.

L'HISTOIRE AUX HISTORIENS, LA POLITIQUE AUX POLITICIENS?
A Barcelone, on peut les voir graffés sur les trottoirs de la ville ou en broche sur une chemise. Un petit ruban jaune épinglé sur une veste ou accroché aux balcons. On le trouvait aussi sur une grande pancarte suspendue au balcon de la mairie de Barcelone et sur la façade du siège du gouvernement catalan: le Palau de la Generalitat. Là, le ruban était accompagné d’un texte: « Llibertat exiliats i presos politics « « liberté aux exilés et aux prisonniers politiques »
Le président de la Catalogne de 2018 à 2020, Mister Torra, a été sommé de retirer ces pancartes…ce qu’il a refusé de faire. Il a été déclaré inéligible le 28 septembre 2020!…pour un ruban jaune!)

Ainsi, ce ruban jaune est aussi un symbole pour demander la libération des politiciens catalans dont le sort à été remis à la justice- 7 politiciens et 2 représentants de la société civile.
Ces hommes et femmes ont été mis en détention provisoire depuis le référendum du 1er Octobre 2017. Plus d’un an d’emprisonnement en attente de jugement. Le glas a sonné au mois de novembre 2019 avec de très lourdes peines à la clef: entre 1 et 13 ans de prison pour les acteurs de ce show politique.
Les chefs d’accusations: malversation (mais, ne sont -ils pas TOUS pourris, à gauche et à droite, indépendantistes ou pas???), rébellion et sédition. Ces deux derniers chefs d’accusation sont durs: ce vocabulaire militaire nous fait penser à un coup d’état ou à l’usage de la violence. Or, ni ces politiciens ni le peuple n’a usé de tanks ni de violence envers le pouvoir central.
Ce serait plutôt le contraire qui s’est passé…la police nationale n’a t’elle pas enfilé ses « chaussettes à clous » (Cf Boris Vian) pour empêcher la célébration d’un référendum qui n’avait de toute façon aucune valeur légale??
Ceci n’a fait qu’empirer les choses et attiser le mécontentement.
LA RÉPUBLIQUE CATALANE
C’est intéressant que ce ruban ait été accroché sur le balcon de la mairie alors que notre mairesse, Ada Colau, n’est pas indépendantiste. Cela démontre aussi la complexité du débat:
D’un côté, l’Etat nation, l’état de droit, l’Espagne avec Philippe VI de Bourbon comme garant de l’unité nationale, de l’autre, quelques indépendantistes frivoles qui veulent se séparer de l’Espagne parce qu’ils sont riches….GROSSE SIMPLIFICATION…et donc grosse erreur!
C’est un sujet évidemment complexe avec des tenants et des aboutissants historiques et économiques.
Il ne faut pas remonter très loin: Franco n’a t’il pas imposé (par la force et la violence) l’idée de l’État Espagnol? N’a t’il pas interdit les représentations des traditions régionales qui donnent à l’Espagne sa richesse culturelle, n’a t’il pas interdit la langue catalane?? Franco est mort en 1975…ce n’est pas si loin que ça!
Ce coup d’Etat militaire de 1936 a mis à bas la seconde République Espagnole (1931-1939)…et Franco a été largement soutenu par l’Eglise et la grande bourgeoisie catalane (celle-là même qui réclame l’indépendance de la catalogne aujourd’hui!)

Monsieur Artur Mas, le président de la catalogne entre 2010-2016, indépendantiste de droite, n’a t’il pas été mis en examen pour corruption et détournement de fonds publics en pleine crise économique? N’a-t’il pas réussi à noyer le poisson en faisant renaître le vieux démon indépendantiste alors que le mouvement populaire des « indignés » faisait trembler l’oligarchie politique dont il faisait partie??
C’est pourtant bien lui qui a envoyé la police le #15M (15 mai 2011, pour en finir avec le mouvement des indignés, « los indignados »)
Bref…l’entendement ne peut se réduire au pour ou au contre (quelque-chose). Simplifier la compréhension d’un sujet aussi complexe à un simple «I like» ou «I don’t like» est tout aussi inquiétant que dangereux: on connaît aujourd’hui la puissance des réseaux sociaux…
Dommage que ces instruments de libertés d’expressions (et internet en général) soient utilisés pour nous influencer et nous contrôler à travers d’énormes mensonges.